Yennayer marque le premier jour de l’année au sein du calendrier agraire utilisé par les populations d’Afrique du Nord depuis l’antiquité.

Yennayer, aussi connu sous le nom de Yennar dans l’Aurès, marque le premier jour de l’année du calendrier agraire utilisé par les populations d’Afrique du Nord depuis l’antiquité. Sa célébration coïncide en Algérie avec le douzième jour du mois de janvier et est intimement associé au calendrier julien. Ce dernier est un calendrier solaire, alors utilisé dans la Rome antique et qui a été introduit par Jules César.

Photo: La mosaïque romaine de Ain Beida des quatre saisons a fait l’objet d’une série de timbres émis en 1977 par la poste algérienne. De gauche à droite: l’hiver, l’automne, l’été, le printemps.

Yennayer est un jour célébré dans les différentes villes d’Algérie, aussi bien par les populations aux dialectes empreints de tamazight que d’arabe et est parfois précédé par des préparatifs la veille, visant également à chasser l’esprit des maux de l’année écoulée.

Photo: Calendrier de Ammar Negadi, 1980

La consolidation actuelle de la célébration de Yennayer est basée sur un choix institutionnel et sur la tradition locale. En effet, elle s’inspire tout d’abord de la tradition consistant à célébrer le début de la nouvelle année du cycle agraire dans la région, mais est aussi issue du choix par Ammar Negadi dit El Chaoui de l’année d’intronisation du Pharaon Sheshonq Ier comme début du calendrier.

Ammar Negadi est en effet à l’origine en 1980 du tout premier calendrier en tifinagh qui était à l’époque une version tamazight du calendrier grégorien.

Il décide de faire correspondre son début à l’an 950 av. J.-C., durant lequel le roi Sheshonq Ier d’origine libyque aurait été intronisé pharaon d’Égypte et fondé la vingt-deuxième dynastie égyptienne.

Photo: Katie Chao, Sphinx de Sheshonq

Photo : Olaf Tausch, relief du temple de Karnak détaillant les campagnes militaires de Chéchonq Ier

Sheshonq Ier était le fils de Nimlot A et de Tentshepeh A, tous deux issus du peuple libyque Machouach (connu également sous le nom de Ma) qui pratiquait le commerce, mais se livrait aussi à des batailles contre les pharaons de l’Égypte antique. Leur influence grandissante au sein de l’armée égyptienne et des enceintes de pouvoir a mené à l’instauration d’une dynastie aux origines étrangères qui unira une Égypte à l’époque divisée entre Thèbes au sud et Tanis au nord.

La figure de Sheshonq Ier dont la stèle de Pasenhor trace la généalogie, a souvent été rapprochée de celle de Shishak de l’Ancien Testament, qui se serait emparé de l’ancien royaume de Salomon et dont les conquêtes territoriales ont été gravées dans le portique des Bubastis du complexe religieux de Karnak.

D’aucuns rapprochent le mot Yennayer du latin Ianuarius désignant le mois de janvier en l’honneur du dieu Janus, symbole de renouveau. D’autres affirment que la notion est cependant issue de la composition des termes tamazight Yen-N-Ayyur signifiant le premier mois de l’année.

Yennayer consacre la nouvelle année et le changement des saisons par des repas fastueux en convivialité souvent incluant le couscous, la volaille et les fruits secs mais variant selon les récoltes et les régions afin de symboliquement célébrer la bonne moisson et l’abondance. Les rites du Yennayer dépendent des régions. Ainsi, à Beni Snous en Oranie, Yennayer est marqué par le carnaval d’Ayred (signifiant le lion) où la population se déguise dans le village de Khémis afin de garder l’anonymat et s’exprime à travers des formes para-théâtrales pour un effet cathartique.

En Kabylie, Yennayer est accueilli avec des festivités entourant la vie agricole. Selon la légende locale, une vielle femme croyant l’hiver passé, se serait moqué de Yennayer durant une journée de beau temps. Ce dernier, en colère, aurait emprunté deux jours à Furar (le second mois de l’année) pour déclencher un orage dont elle ne survit pas.

Bien que différentes, les traditions rattachées au Yennayer ont toutefois toutes en commun de participer à la socialisation de la communauté et d’inviter au partage. Fêté dans les quatre coins de l’Algérie, Yennayer s’impose comme partie intégrante d’un patrimoine culturel riche célébrant la solidarité.

Photo: The Casbah Post – Oeuvre basée sur la représentation de populations libyques telle que découverte dans la tombe de Séthi 1er.

A PROPOS

The Casbah Post est un projet bénévole et indépendant mettant en avant la culture algérienne contemporaine. Avec un intérêt pour les talents et les initiatives locales, ce webzine a pour objectif de promouvoir le patrimoine et de valoriser la diversité culturelle du pays.

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