L’art de Kader Attia explore les questions de guérison et de réparation dans des contextes hégémoniques et post-coloniaux.

L’art de Kader Attia revêt une dimension profondément thérapeutique pour les mémoires collectives meurtries. Né à Dugny en Seine-Saint-Denis, l’artiste grandit entre Paris et Alger. Il étudie d’abord à l’École supérieure des arts appliqués Duperré, puis à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris et à la Escola Massana au Centre d’Art i Disseny de Barcelone.

Photo : Kader Attia, Philippe Van Cauteren, Kathmandu Triennale

Travaillant entre Berlin et Alger, l’artiste mobilise son expérience vécue dans diverses sociétés et cultures pour explorer les questions d’identité, de colonialisme, d’hégémonie culturelle et de guérison ou réparation. Avec une approche interdisciplinaire mêlant différents médiums, il déconstruit les perspectives érigées dans des contextes d’oppression afin de se ré-approprier l’histoire.

Photo : Kader Attia, Untitled (Al Aqsa), Tuileries FIAC

Je ne me vois pas comme un artiste, mais plutôt comme un chercheur.

Kader Attia utilise ses recherches sur la souffrance des corps et la capacité de guérison de l’esprit afin de les appliquer dans le cadre des traumatismes des mémoires collectives. Inspiré par l’oeuvre de Michel Foucault, Le corps utopique, l’artiste élargit alors la réflexion sur les blessures individuelles à la douleur collective, en s’intéressant plus particulièrement aux modes de réparation dans les cultures extra-occidentales.

« Mon travail cherche à ouvrir les yeux au monde dans lequel nous vivons, qui est un monde amnésique, qui ne regarde plus le passé, qui a peur du passé, qui voit les choses sur le présent uniquement. Cette nécessité de garder le fil avec le passé, avec la généalogie de ce que nous sommes, je le propose à travers de la réparation. Je pense que la question de la réparation est une question fondamentale. Ne pas vouloir la voir, c’est, à un moment donné, se tromper. Je pense que la réparation est partout. »

Kader Attia pour RFI

Photo : Kader Attia, Ghost, Galerie Krinzinger, Vienna / Austria

Il fonde en 2016 La colonie à Parisun espace de partage d’idées focalisé sur la « décolonisation » non seulement des personnes mais également du savoir, des attitudes et des pratiques. C’est ainsi que l’artiste mêle architecture, histoire, art et culture, dans une oeuvre rendant hommage à Ghardaïa, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. La sculpture, composée de couscous, reproduit l’urbanisme traditionnel ibadite. A l’arrière de l’oeuvre figurent les portraits des architectes Fernand Pouillon et Le Corbusier. En effet, l’architecture vernaculaire de Ghardaïa a grandement inspiré les travaux de ces derniers durant la colonisation de l’Algérie, à une époque où la culture locale était perçue comme subalterne par les autorités coloniales. Avec son travail, Kader Attia entend mettre en lumière une influence souvent ignorée et souligne ce que l’architecture contemporaine doit aux peuples colonisés.

Lauréat du prix Marcel Duchamp, il obtient le prix de la Fondation Miró de Barcelone en 2016 ainsi que le Prix Yanghyun à Séoul en 2017. Kader Attia a exposé ses oeuvre de Venize à Toronto, en passant par Lausanne, New York et Beirut.

Photo : Installation Skyline, Baltic Center for Contemporary Art, Newcastle, Royaume-Uni, 2007

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