Si la mort tragique de Djamel Bensmaïl a profondément ébranlé la société algérienne, il est désormais le symbole de l’altruisme et de l’engagement citoyen dans le pays.

Alors que l’Algérie fait face à des incendies d’une ampleur sans précèdent qui ont fait selon les bilans officiels au moins 90 victimes, la nouvelle du meurtre d’une extrême violence du bénévole Djamel Bensmaïl dans la commune de Larbaâ Nath Irathen à Tizi Ouzou sous les regards d’une foule en colère a suscité partout dans le pays une vague d’effroi et d’émotion.

Image : Djamel Bensmail (à droite)

Originaire de Miliana dans la wilaya de Ain Defla, Djamel Bensmaïl s’était rendu dans la commune en proie aux incendies afin de venir en aide à la population sinistrée. Accusé à tort d’être l’un des pyromanes ayant déclenché les feux de forêt dans la région, sa mort survient sur fond de tension alimentée par les annonces officielles de l’origine criminelle des incendies dans le pays.

Photo : Copernicus Emergency Management Service – Foyers d’incendies en Algérie

Photo : NASA Earth Observatory – Photo prise le 10 août par Lauren Dauphin mobilisant les données MODIS data de la NASA. On estimait alors que plus de 62 000 hectares étaient touchés par les incendies.

Suite au drame, le parquet de la République a ordonné l’ouverture d’une enquête autour des circonstances de son décès. Si la mort tragique de Djamel Bensmaïl a profondément ébranlé la société algérienne, les nombreux témoignages autour de son altruisme ont été l’occasion d’un hommage rendu à la vie de celui qui représente désormais dans le pays la solidarité envers les plus vulnérables, l’optimisme et l’engagement citoyen et humaniste. Djamel Bensmaïl (surnommé Jimmy par ses proches) était un artiste peintre, un musicien, un poète et un amoureux de la nature. Né en 1987, son entourage retient de lui sa générosité et sa volonté de participer activement à l’édification d’une meilleure Algérie. Œuvrant pour démocratiser l’art, Djamel Bensmaïl était membre de l’Association des amis de Miliana pour la culture et l’art, une initiative visant à introduire l’art dans les rues de la ville. Fermement engagé, l’artiste était à l’avant-garde de tous les combats. Il a en effet pris part aux mobilisations de masse pour une Algérie démocratique, appelait à la solidarité envers les réfugiés des pays du Sahel et participait aux efforts visant à venir en aide aux régions sinistrées par les incendies ravageurs. Sa vie fait ainsi écho à l’élan de solidarité et à l’entraide exceptionnelle des citoyens Algériens aussi bien du pays que de la diaspora envers les victimes des incendies. En effet, ce sont des centaines de convois (transportant de l’eau, des vêtements, de la nourriture et des produits de première nécessité) issus de toutes les régions d’Algérie qui affluent depuis le début de la crise sur la Kabylie, région la plus touchée par les feux et avec laquelle Djamel Bensmaïl entretenait des liens étroits. Il est désormais le symbole de l’espoir de la nation algérienne, du service désintéressé et d’une empathie qui transcende les différences, au moment où le pays fait face non seulement à l’une des plus graves catastrophes environnementales de son histoire, mais également à une troisième vague meurtrière de l’épidémie mondiale de coronavirus. La vie de l’artiste offre une leçon d’altruisme et d’engagement citoyen à célébrer et émuler. Au lendemain de l’annonce du décès de Djamel Bensmaïl, c’est avec une profonde dignité que le père de l’artiste a appelé au calme et à l’union nationale, alors que des discours de haine envers la Kabylie se répandaient sur les réseaux sociaux.
Les Kabyles sont nos frères. Nous ne cherchons pas la discorde. Nous devons nous unir.
Malgré sa douleur incommensurable, Noureddine Bensmaïl a ainsi mis en garde le pays contre la division et la violence. A l’instar de son fils, son dévouement magnanime représente un idéal de solidarité et d’altruisme qui figure parmi les modèles de la nation.

« J’ai perdu un fils, mais j’ai gagné des enfants. Vous êtes tous mes enfants. »

                                          Noureddine Bensmaïl aux jeunes qui l’ont accueilli au CHU de Tizi Ouzou

Oeuvre mise en avant : Van Gogh – Amandier en fleur. L’oeuvre peinte pour célébrer la naissance du neveu de l’artiste était une source d’inspiration pour Djamel Bensmail et symbolise le renouveau. Tout comme Djamel Bensmail, Van Gogh était un amoureux de la nature. L’amandier présente la particularité de compter parmis les premiers arbres fruitiers à fleurir à la fin de l’hiver et figure parmis les arbres emblématiques de la ville d’origine de Djamel Bensmail, Miliana.

A PROPOS

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