La scène du metal algérien a traversé son lot d’embuches sans courber l’échine. En 2018, elle continue son essor grâce à la participation active de passionnés du genre musical.
En février, l’évènement MetAlgeria, organisé par des passionnés de metal algérien, a réuni au Palais des rais (Bastion 23) dans la capitale différentes générations de musiciens et des centaines d’amateurs.
Le metal est un genre musical qui s’est développé vers la fin des années 1960 et le début des années 1970 au Royaume-Uni et aux États-Unis. Dérivé du rock, il puise ses racines dans le blues et le rock psychédélique et mobilise des sonorités lourdes et des distorsions de guitare.
En Algérie, le metal a connu une importante impulsion vers la fin des années 1990 et au début des années 2000.
Durant la journée, une projection du documentaire Le metal expliqué à ma mère, un concert, un débat et une exposition ont été mis en place, avec pour objectif de faire revivre le genre musical et d’atteindre une audience encore plus large. Le but était également de tordre le cou aux stéréotypes visant les amateurs du metal et de vulgariser le mouvement pour les profanes.
L’évènement, marqué par la participation de groupes phares tels que Dusk ou Jugulator, représente toutefois une occasion qui demeure rare pour les enthousiastes du genre. En effet, la difficulté d’accès aux scènes, l’absence d’appui par les institutions culturelles officielles et les campagnes de désinformations vis-à-vis du mouvement souvent associé à tort au satanisme, constituent d’importants obstacles à son développement.
Toutefois, à travers les réseaux sociaux et grâce à une communauté de metalleuses et de metalleux chevronnés, le mouvement continue sa résistance. Celle-ci se fait notamment à travers l’entremise de personnalités de la scène du metal comme Redouane Aouameur, ancien bassiste du groupe pionnier Neanderthalia et actuel vocaliste du groupe death metal Lelahell. L’artiste lutte depuis des décennies pour donner au genre une place prépondérante dans la sphère culturelle algérienne.
Parmi les groupes qui ont marqué le metal algérien, on compte aussi Barbaros originaire du Djurdjura, le groupe Paranoid Fantasy, ou encore les Koubains de Tenebrum. Ils chantent aussi bien en tamazight, en arabe, en français qu’en anglais et ajoutent, à l’instar du groupe death metal Litham, des sonorités traditionnelles algériennes à leur son.
La popularité du metal en Algérie a atteint son apogée durant les années 1990, dans un contexte de décennie noire où le genre servait d’échappatoire face aux tumultes que traversait la société algérienne. Le metal a ainsi permis d’offrir à toute une génération un véhicule d’expression alternatif à la violence qui régnait alors dans les rues du pays.
L’arrivée d’internet vers la fin des années 1990 – tout d’abord à travers les cybercafés puis au sein des foyers quelques années plus tard – a joué un rôle crucial dans l’émergence et la consolidation du genre en Algérie. Les artistes s’imposent digitalement grâce à des plateformes de partage à l’instar de Youtube et de Soundclound et diffusent leurs œuvres abordant des thèmes incluant l’amour, la société ou encore la politique.
Malgré les impasses institutionnelles auxquelles le genre musical fait face, les efforts des enthousiastes et leur mobilisation sur les plateformes communautaires participent à insuffler un second souffle au metal.
Ainsi, plus récemment, le groupe Jugulator a figuré parmi les artistes présents lors d’un concert organisé durant la première ComicCon d’Alger, un évènement célébrant la pop culture dans le pays. D’autres initiatives se développent dans différentes villes du pays, comme le festival Fest 213 à Constantine, où les groupes Traxx, Acyl, Arkan, Fringerprints et Numidas se sont partagés la scène.
Progressivement, des communautés d’enthousiastes se forment – comme les groupes Algerian Metal Community #AMC et MetalHeads Algeria – et des initiatives alternatives, tels les projets Metal United World Wide Algeria et #UnderLiveProject émergent afin d’organiser des concerts dans le pays.
La scène du metal algérien a traversé son lot d’embuches sans courber l’échine. En 2018, elle continue son essor grâce à la participation active de passionnés du genre musical.
Photo : Younes You Sari – MetAlgeria