Alors que cette année marquera le 90ème anniversaire de la naissance de Baya, pionnière de la scène contemporaine artistique algérienne et figure de proue de l’art pictural algérien, le Sharjah Art Museum (Émirats arabes unis) lui consacre jusqu’à la fin du mois une rétrospective mettant en avant plus de 70 œuvres riches en couleurs, issues de différentes périodes de sa vie. L’exposition se déroule dans le cadre de la série annuelle « Lasting Impressions » du musée et représente une première dans la région.
Quand je peins, je suis heureuse et je suis dans un autre monde.

Photo : TheCasbahPost – Rétrospective consacrée à l’artiste Baya
Baya Mahieddine, née Fatma Haddad en 1931 et plus connue sous le nom de Baya est l’une des figures fondatrices de la peinture algérienne contemporaine. A travers ses peintures sur papier, l’artiste a créé un univers idyllique singulier où les figures féminines se confondent à la faune et la flore dans une explosion joyeuse de couleurs et de formes harmonieuses.
Originaire d’une famille défavorisée de Bordj El Kifan dans la banlieue d’Alger, Baya est orpheline à l’âge de cinq ans et est recueillie par sa grand-mère employée dans une ferme de colons pour subvenir à ses besoins. En 1943, elle travaille dans la maison de la sœur de la propriétaire, Marguerite Caminat Benhoura, qui remarque l’originalité de ses dessins et modelages.
En 1947, à tout juste 16 ans, elle expose ses œuvres à Paris au sein de la Galerie Maeght aux côtés de Braque et Matisse. Elle travaille dans un atelier en France à Vallauris où elle côtoie Picasso. Ce dernier, qui affirme qu’il lui fallut toute une vie pour peindre comme un enfant, voit tout comme ses contemporains dans les œuvres de Baya une créativité brute et naïve de l’ordre du surréalisme.
L’artiste autodidacte rejette tout au long de sa carrière de près de six décennies les labels artistiques conventionnels et revendique un héritage culturel algérien marqué par les influences imazighen, arabes et islamiques.

Oeuvre : Baya – Sans titre – 1977
La rétrospective, organisée par la Sharjah Museum Authority, comprend des toiles issues de sa première exposition à Paris. Elle est l’occasion de non seulement présenter les œuvres oniriques de l’artiste décédée à Blida en 1998, mais aussi de souligner l’empreinte durable que Baya a eu sur le développement et l’évolution de l’art moderne.
Oeuvre : Baya – Deux femmes avec vase sur fond jaune – 1997