Mustapha Boutadjine est un artiste plasticien algérien aux collages engagés mettant en avant des figures de libération et de résistance à la marge de la société.
Né dans le quartier de La Glacière d’Alger, Mustapha Boutadjine est un peintre, affichiste et designer algérien. Il débute à partir de 1971 ses études à l’École supérieure des beaux-arts d’Alger puis s’intéresse tout particulièrement au design de produits à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris en 1978. Il achève son cursus académique par des études en esthétique et sciences de l’art de l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne.
Son retour en Algérie en 1979 est marqué par sa volonté de partager son savoir au sein du département de design qu’il aide à mettre en place à l’École des beaux-arts d’Alger et où il offre des cours en tant que professeur associé à l’École polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger (EPAU). Durant cette période, il oeuvre sur des affiches destinées aux Black Panthers et divers mouvements de libération.
Je ne travaille que sur les gens qui sont à la marge […] les Noirs, les femmes, les Gitans, les homosexuels, les révolutionnaires, les poètes. Je tente de faire connaître les opprimés, les insoumis, les révoltés, tous ceux qu’on stigmatise.
Les portraits de Mustapha Boutadjine consacrent les figures de libération et de résistance, souvent à la marge de la société. Par juxtapositions de couches successives, les collages engagés de l’artiste mêlent couleurs, textes et images, dans le but de présenter des portraits multidimensionnels. Ces mosaïques ont alors la caractéristique unique de transmettre également le vécu, les enjeux de lutte et la mémoire des combattants.
« Mustapha Boutadjine confère à l’art du portrait un surcroît de sens. Chez lui, la représentation d’un visage, par-delà une forte et scrupuleuse ressemblance, se veut témoignage d’une figuration plus vaste, et même pourrait-on dire plus profonde, plus fouillée, plus sédimentée. La singularité de chacun n’est nullement niée ni amoindrie, mais puissamment mise en relation avec la trame de l’aventure humaine. »
Les oeuvres de l’article et plus particulièrement ses affiches lui valent l’obtention de nombreux prix nationaux et internationaux tels le Premier prix national de l’affiche en 1982 à Alger pour le « 20ème anniversaire de l’indépendance », ou encore le Premier prix international de l’affiche de Paris pour « Afrique-Musique ».

Dahmane El Harrachi – Poètes
Mustapha Boutadjine s’associe aussi aux productions théâtrales et cinématographiques avec notamment « Babor Ghraq » de Slimane Benaissa et « Bouts de vies, bouts de rêves » de Hamid Benamra.
Il publie en septembre 2015 la première monographie consacrée à l’ensemble de son oeuvre, « Collage résistant(s) ». Cette dernière contient des portraits-mosaïques en grand format, ainsi que les textes d’une centaine d’amis, journalistes, artistes ou écrivains au sujet de ces différentes icônes des temps modernes, classées sous les catégories de: « Les femmes d’Alger », « Sous les pavés, le gitan », « Black is toujours beautiful », « America Basta », « Insurgés », « Poètes », et « Contre-images ». Bien qu’intégrant des personnalités très différentes, le portrait n’est alors plus seulement individuel ou unique à la particularité des contextes, mais renvoie plutôt au combat universel pour une émancipation commune.