Le 24 juin a marqué le 125ème anniversaire de la naissance de l’un des fondateurs de l’École algérienne de miniature, le peintre miniaturiste enlumineur et calligraphe Mohammed Racim.

Mohammed Racim nait en 1896 à la Casbah d’Alger au sein d’une famille d’artistes et d’artisans. Son père, Ali Ben Saïd Racim, est l’un des précurseurs de l’art de la sculpture et de l’enluminure sur bois dans le pays et tenait un atelier avec son frère, Mohammed Ben Saïd Racim. C’est dans cet environnement familial créatif de transmission d’un savoir-faire ancestral que Mohamed Racim ainsi que son frère aîné Omar Racim reçoivent leur première initiation à l’art.

En 1910, à tout juste 14 ans, il rejoint le Cabinet de dessin de la Direction de l’artisanat, focalisé sur la reproduction et la rénovation d’arts dits « indigènes ».

Mohammed Racim rencontre en 1914 le peintre orientaliste Etienne Dinet, qui l’associe à son projet d’ouvrage La Vie de Mohammed, prophète d’Allah édité chez Piazza. Il est alors chargé de l’ornementation du livre, qui marque le début d’une longue collaboration avec la maison d’édition. Il illustre et décore de nombreuses œuvres dont Khadra : Danseuse Ouled Nail d’Etienne Dinet et les Mille et une nuits traduite par J.C. Mardrus. Ces projets, ainsi que l’obtention d’une bourse d’étude en Espagne en 1921, lui permettent de voyager, de visiter des musées et de s’imprégner de l’art islamique, notamment issu de l’Andalousie et de la tradition des miniatures persanes, ottomanes et mogholes.

La particularité de l’apport de Mohammed Racim est double : à travers ses œuvres regorgeantes de détails somptueux, il valorise, perpétue et donne un second souffle (il modernise l’art de la miniature notamment en incorporant les lois de la perspective) à un art menacé à l’époque de disparition ; au même moment, il rend hommage dans un contexte de colonisation à la société algérienne d’avant 1830, un acte qui participe au renouvellement et à la préservation de l’identité et du patrimoine culturel du pays.

Parmi les thèmes qui jalonnent ses œuvres, on compte des scènes du quotidien, des célébrations traditionnelles et religieuses, ou encore des évènements et figures historiques de l’Algérie précoloniale.

« [L’œuvre de Mohammed Racim] est d’autant plus remarquable qu’elle se situe au moment où notre pays traversait l’ère sombre de la colonisation…Face aux tentatives de « dépersonnalisation », l’œuvre de Racim fut la révélation d’un art authentiquement national. Bien plus, par ses publications, ses voyages et ses expositions à travers le monde, il a contribué à faire connaitre l’Algérie, nonobstant le carcan de la domination.

Gardien d’une tradition qu’il a su enrichir au contact de l’art pictural européen, il a tracé la voie à tous les jeunes qui, aujourd’hui, forment une nouvelle et dynamique École de miniaturistes.

A ce titre, Mohammed Racim, maître de la miniature algérienne, a droit à notre estime et à notre admiration.

Ahmed Taleb Ibrahimi, ancien ministre de l’Information et de la culture. Préface de l’album consacré à Mohammed Racim, 1971

Mohammed Racim a pris part à plus de 30 expositions dans le monde, de Paris à Stockholm, en passant par Viennes, Le Caire et Monte Carlo. Il se consacre à partir de 1933 à l’enseignement à l’École nationale des beaux-arts d’Alger et est élu en 1950 membre honoraire de la Royal Society of Miniature Painters, Sculptors and Gravers.

L’artiste, qui a tout au long de sa vie magnifié et célébré la Casbah d’Alger et l’Algérie d’antan, meurt en 1975 et est enterré avec son épouse dans le cimetière de la medersa Thaalabia.

Pour le 125ème anniversaire de sa naissance, le moteur de recherche Google lui dédie un Doodle l’illustrant dans un portrait, pinceau à la main, sur un fond enluminé comprenant un paysage évoquant les miniatures de l’artiste. En revitalisant à travers l’art la ferveur nationale, Mohammed Racim a joué un rôle crucial dans le mouvement pour l’indépendance du pays et dans l’édification et l’affirmation de l’identité nationale. Une grande partie de ses œuvres peut être encore admirée au Musée national des beaux-arts d’Alger.

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