Le neuvième art, nommément la bande dessinée, a connu une histoire nationale tumultueuse depuis son apparition dans le pays, il y a près de cinquante ans.
Tout d’abord marqué par un goût pour les albums importés, avec notamment les figures italiennes de Blek le Roc, personnage du studio Esse Gesse, ou encore Akim; le public algérien sera témoin de l’émergence des premiers dessinateurs suite à l’indépendance du pays.
La toute première bande dessinée nationale voit le jour en 1967, sous le nom de Nâar. C’est aussi à cette période que le premier journal de bande dessinée algérien M’Quidech voit le jour, en français ainsi qu’en arabe. If fut crée en février 1969 par Aram, Ahmed Haroun, Maz et Slim, et édité par la Société nationale d’édition et de diffusion.

Le magazine satirique El Manchar
Suite aux émeutes d’octobre 1988 et l’adoption d’une nouvelle constitution consacrant la liberté d’expression, un collectif de dessinateurs créent El Manchar, le premier journal satirique du pays combinant bandes dessinées et publications engagées. Le journal verra l’émergence de nouveaux dessinateurs tels le Hic ou encore Gyps.
La brutale décennie noire des années 1990 viendra cependant interrompre le bouillonnement de la scène artistique. Les univers de la bande dessinée et journalistiques verront de nombreux membres fuir le pays, entrer dans la clandestinité ou subir une fin tragique à l’instar de Saïd Mekbal, Brahim Guerroui ou Dorbane.
La relative stabilité retrouvée des années 2000 offre cependant l’occasion d’un renouveau culturel. En effet, en 2008 fut mis en place le premier Festival international de la bande dessinée d’Alger, une rencontre qui deviendra incontournable pour les maisons d’édition, les jeunes auteurs ainsi qu’un publique avide de bande dessinée.
La scène a connu toutefois de nombreux bouleversements, y compris l’arrivée de nouveaux auteurs dont de nombreuses femmes ainsi que l’appropriation locale des codes du manga afin de refléter la réalité quotidienne et porter un nouveau regard sur l’histoire du pays et la société algérienne.

Z-Link
La bande dessinée algérienne s’exporte désormais, avec entre autres une participation au Festival d’Angoulême mettant en avant les travaux des nombres auteurs représentés ainsi que des maisons d’édition algériennes. Le 9ème art algérien fut aussi pour la première fois l’object d’une exposition récent à l’Institut du monde arabe, avec la participation de figures phares du dessin algérien tels le Hic, Gyps, Dahmani, l’Andalou et deux mangakas.
Acteur emblématique de la popularisation et de la diffusion de la bande dessinée aussi bien algérienne qu’étrangère, le Festival international de la bande dessinée d’Alger reviendra du 4 au 8 octobre 2016 pour sa neuvième édition consécutive, avec l’Italie à l’honneur.
Le festival offre une plateforme interactive pour des générations d’auteurs ainsi que le public algérien, avec des initiatives incluant des concours estivaux, l’ouverture de sa librairie et des salles d’exposition au cours de vacances scolaires ou la mise en place de concours cosplay pendant la durée du festival.
La renaissance de la bande dessinée et la demande constamment croissante du public a d’ailleurs mené à la création en 2007 de la première maison d’édition dédiée au Manga, Z-link ainsi que la publication en 2008 de Laabstore, avec entre autres un focus sur la bande dessinée algérienne. Elle a mené également à la création du Festival international de la bande dessinée de Béjaïa et la mise en place d’une journée du Manga.
La popularité du genre a conduit à l’ouverture du premier Manga café à Alger, le café manga HB Manga Kissa, qui accueille également diverses activités liées à l’univers.
Photo: Festival international de la bande dessinée d’Alger