Le quartier d’El Eubbad à Tlemcen abrite le mausolée de l’une des principales figures du soufisme au Maghreb, le saint patron de Tlemcen, Sidi Boumediène.
Au coeur du quartier d’El Eubbad à Tlemcen, dans le nord-ouest algérien, se situe le mausolée de l’une des figures du soufisme en Algérie et saint patron de Tlemcen : Choaïb Ibn Hocine El Andaloussi, localement surnommé Sidi Boumediène.
Né à Cantillana dans la région de Séville au début du XIIème siècle, cet enseignant et poète est considéré comme le précurseur du soufisme et du mysticisme au Maghreb. Il étudie à Séville puis à Fès auprès de l’ascète Abu Yaza. Après un voyage au Moyen-Orient où il aurait rencontré le maître soufi Abd al Kadir al-Jilani, il s’établit à Béjaïa, l’ancienne capitale prospère des Hammadites, où il enseigne le soufisme au sein de sa zaouïa.
Suite à l’appel du sultan almohade Abou Youcef Yacoub El Mansour, il quitte la ville dans le but de rejoindre Marrakech. Arrivé à Ain Tekbalet non loin de Tlemcen, il y séjourne en compagnie de ses disciples et y meurt âgé de plus de 70 ans. Il est enterré à El Eubbad, où est érigé un mausolée en son honneur.
Considéré comme Kotb (pôle) du soufisme et Ghout (recours suprême des affligés), son enseignement promeut l’ascétisme (zuhd), le renoncement aux biens matériels, la repentance (tawba), et la dénonciation de l’injustice. Il compose également de nombreux poèmes allégoriques.
Le mausolée de Sidi Boumediène demeure un des lieux de pèlerinage les plus visités du pays. Il a été construit au début du XIIIème siècle par le calife almohade Muhammad an-Nasir et a fait l’objet d’une restauration par le sultan zianide Yaghmurasen. Le sultan mérinide Abu al-Hassan Ali y juxtapose pour sa part une mosquée construite en 1337 ainsi qu’un palais.
Une cour sépare le mausolée de la mosquée, dont l’entrée est ornée d’arabesques sur les murs ainsi que d’une coupole à muqarnas. Une porte revêtue de bronze donne accès à la cour intérieure de la mosquée, qui mène à la fois à une pièce pour le repos des pèlerins, un bassin d’ablutions et à un lieu d’enseignement.
Le mausolée et la mosquée sont devenus progressivement des symboles de Tlemcen et des lieux spirituels incontournables dans la région. Sidi Boumediène, quant à lui, est l’un des principaux fondateurs du soufisme au Maghreb et en Andalousie, et va influencer de manière permanente l’histoire de la religion. Sa pensée va notamment inspirer Ibn Arabi, parfois connu comme « le plus grand maître » (al Cheikh al Akbar) ou encore le « fils de Platon », considéré comme l’un des plus grands philosophes de l’ésotérisme et de la métaphysique en islam.