Inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1992, la Casbah d’Alger est un élément central de l’identité algéroise contemporaine.

Sur les rives de la Méditerranée, la ville d’Alger surplombe les îlots qui lui confèrent son nom d’El Djazaïr (les îles en arabe). Cette appellation serait issue de Bologhine Ibn Ziri, fondateur de la dynastie des Zirides qui lance à partir de 960 la reconstruction de la ville sur les ruines de l’antique Icosium.

Photo: Thomas J. Abercrombie – Port d’Alger, 1973

Bien que des bâtisses de style haussmannien aient remplacé une partie importante des édifices présents avant la colonisation au niveau de la partie basse de la ville, avant cette période la Casbah d’Alger se prolongeait jusqu’à la mer.

Le terme Casbah désigne une citadelle ou cité fortifiée et plus généralement le coeur historique d’une ville, aussi appelé médina. La Casbah d’Alger représente un genre particulier de patrimoine architectural. Elle abrite en effet des maisons et palais, des hammams, des souks (marchés de négoce), des mosquées anciennes et un tissu urbain dense constitué autour de la vie en communauté.

Photo: La cité, le port et le môle d’Alger, 1690. Gravure ancienne hollandaise de Gerard van Keulen, Nederlands Scheepvaartmuseum Amsterdam.

La Casbah d’Alger est un élément central de l’identité algéroise contemporaine avec ses façades blanchies à la chaux conférant à la ville son surnom d’Alger la blanche. Elle lui laisse aussi sa marque avec son chaabi natif empreint de culture populaire et citadine, lequel a engendré le mandole algérien. On note ensuite son impact symbolique en tant que haut lieu de contestation durant la bataille d’Alger et enfin en tant qu’espace de patrimonialisation architecturale et culturelle algéroise.

Inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1992, la Casbah présente un modèle d’architecture vernaculaire qui s’est adaptée à de nombreux défis. Tout d’abord en raison de son relief puisqu’elle est située sur une colline, ensuite du fait de l’accroissement démographique qui a rendu nécessaire une densification du bâti. A ces défis s’ajoutent ceux présentés par le climat et l’environnement, qui ont mené à l’utilisation de matériaux adaptés aux variations de températures locales et à l’utilisation d’armatures de bois flexible au sein des murs afin de se prémunir face aux risques sismiques.

Le site est construit sur un terrain s’élevant progressivement jusqu’à une hauteur de 118 mètres. Le ravitaillement et le ramassage d’ordures s’effectuent alors encore à dos d’âne dans une médina où les maisons s’enchevêtrent et les ruelles étroites créent un labyrinthe où seuls les piétons peuvent s’aventurer.

La demeure typique de la Casbah possède une terrasse avec une vue sur la mer, un patio carré pourvoyant la lumière, une porte d’entrée et fenêtres avec grilles permettant à l’air frais en provenance des ruelles de circuler et un puits d’eau.

Si les façades extérieures de la Casbah sont généralement sobrement ornées, les portes, patios et fontaines sont cependant l’occasion de l’utilisation de matériaux précieux dont le marbre ou la céramique.

Les fontaines sont, durant la Régence d’Alger, alimentées par l’eau en provenance des aqueducs construits entre 1518 et 1620 et utilisant la technique du souterazi.

L’eau fait en Algérie l’objet d’une certaine mystique et est souvent présente dans le folklore en tant qu’élément de bénédiction ou parfois de malheur à travers les crues. Les fontaines sont alors perçues comme des oeuvres de générosité publique. Le terme désignant la fontaine publique, sebala, serait ainsi à rapprocher selon Dalila Kameche-Ouzidane du mot sabil et de son pluriel sebala, qualifiant une oeuvre charitable.

« C’est par l’eau que tout vit ! Le gouverneur, sultan d’Alger, Huseyn pacha, dont les pieux desseins tendent toujours aux bonnes œuvres et qui, sans jamais s’éloigner de la bienveillance, amène l’eau en tous lieux, a fait couler cette onde et a construit cette fontaine. En irriguant cet endroit, il a abreuvé celui qui avait soif. Bois en toute aisance une eau fraîche à l’amour de Huseyn. »

Épigraphe de 1235 inscrit dans la fontaine dite de la « Cale aux Vins »

Tous ces éléments propres à la Casbah d’Alger participent alors à la constitution de l’identité algéroise. Cet héritage fait toutefois face à un certain nombre de défis.

Photo: Nad.Bat. Bastion 23

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